
Provence Azur
Un réseau d’élus salariés et exploitants pour prévenir le suicide
Durant une journée d’animation du réseau Sentinelles, organisée le 4 décembre dernier par la MSA Provence Azur, la cellule de prévention du suicide a travaillé d’arrache-pied avec Merette Fard, psychologue clinicienne, et la troupe de théâtre Force Nez, extrêmement motivées pour venir à bout des idées reçues sur le suicide.
Grâce à un art du verbe, une gestuelle et une mise en scène dont seuls des comédiens détiennent le secret, ils ont su donner vie aux clichés les plus ancrés afin d’en débarrasser l’assemblée.
Les élus composant le public, à la fois spectateurs et acteurs, tout comme dans leur quotidien de sentinelles à la MSA Provence Azur, était à l’honneur. Spectateurs des conditions de vie, parfois difficiles, des exploitants et des salariés du monde agricole, ils sont également des acteurs engagés dans la prévention du mal-être et du suicide de leurs collègues.
Grâce à leur proximité avec les adhérents, ils constituent des relais, des personnes ressources, de véritables sentinelles qui se sont donnés comme objectif d’assurer cette prévention du suicide, souvent complexe.
Un mal-être mutuel décrypté
Face aux changements conjoncturels de la société et dans un secteur professionnel de plus en plus précarisé, poser et traiter la problématique suicidaire reste une mission ardue car taboue malgré des statistiques alarmantes sur les taux de suicide en milieu agricole français.
Durant cette journée d’animation du réseau Sentinelles, le Dr Céline Becker, médecin responsable de la cellule de prévention du mal-être et du suicide en milieu agricole, a su créer, avec et pour les élus, une cohésion réussie, en partenariat avec la troupe Force Nez, et Merette Fard, psychologue clinicienne de l’association EquiPsy.
Les comédiens étaient déjà sensibilisés à ce sujet pour avoir travaillé avec différents professionnels du milieu agricole, social et médical. Ils ont également une riche expérience des interventions, par le théâtre, en lien avec diverses problématiques concernant les publics fragilisés.
Ils ont su habiter, tour à tour, les rôles d’élus impuissants ou maladroits, mais toujours le cœur à l’ouvrage, puis ceux d’exploitants et de salariés du monde agricole, abattus ou résignés par la dureté de leurs contextes de vie. Ils ont su mettre en exergue, avec finesse et psychologie, les aspects d’une souffrance mutuelle qu’il était nécessaire d’exposer.

Entendre la souffrance et la reconnaître
Merette Fard, psychologue clinicienne, grâce à son expérience dans la prise en charge de la souffrance et à une connaissance spécifique de la problématique suicidaire, a pris part à l’exercice dans une pertinente complémentarité avec le travail des acteurs. Ses rappels théoriques sur le processus suicidaire et ses étapes, ses interventions et démonstrations pratiques ont apporté un étayage essentiel afin de faciliter l’écoute et la mise en mots de cette souffrance par des techniques d’interventions et d’entretien spécifiques.
À coups de « stop », de « bravo » ou de « reformulez », l’ensemble des participants s’est ainsi donné la liberté de retravailler à loisir les scènes que les comédiens avaient spécifiquement élaborées. Qu’elles soient figées ou animées, elles ont été arrêtées, rembobinées, modifiées, réajustées, puis à nouveau déroulées pour en saisir toutes les subtilités et enfin arriver à véritablement écouter. L’écoute était le secret ! L’écoute : déroutante par son apparente simplicité, profonde et éprouvante lorsqu’il s’agit d’accueillir une telle souffrance, habituellement silencieuse et inexprimée.
Les élus sentinelles se sont remis au travail. Ils se sont mobilisés, ont exploré et expérimenté pour être capables d’entendre la souffrance et la reconnaître afin d’ouvrir, à chaque adhérent en difficulté, un autre champ des possibles et ainsi prévenir l’issue potentiellement fatale d’une souffrance non-communiquée.